Résumé :
Noria est encore adolescente quand, à la mort de son père, elle est nommée maître du thé de son village. Dans un monde qui tente de se relever d’une guerre qui a épuisé les réserves d’eau potable, la jeune fille est à présent garante des traditions d’un temps révolu et protectrice d’une source secrète que sa famille protège depuis toujours. Mais bientôt, les militaires de la Nouvelle Qian – le gouvernement qui régit la société – décident d’enquêter sur l’apparente abondance des ressources d’eau du village. Alors que l’eau se fait de plus en plus rare, Noria devra faire un choix : se battre ou coopérer avec les autorités…
Mon avis :
Il faut croire que beaucoup de mes nouvelles lectures de 2015 me laissent mitigée, et c’est le cas également pour Fille de l’eau. Mais dans le bon sens cette fois.
Nous sommes dans un futur où une dictature rationne l’utilisation de l’eau. Le jour où Noria succède à son père, ce dernier lui dévoile le secret bien gardé depuis des générations par les maîtres à thés successifs de leur dynastie : une source d’eau cachée. Mais dans un monde post-apocalyptique où la montée des eaux a supprimé la plupart des sources d’eau douce et a entrainé une régression technologique, cacher une source d’eau à l’armée est un crime punissable de mort.
Fille de l’eau, c’est l’histoire d’une jeune fille qui peut faire la différence. Mais c’est aussi, et surtout, l’histoire marquante de l’Humanité qui a détruit son monde. C’est donc un roman très actuel écologiquement parlant et qui nous montre un futur possible si l’Humanité continue le gaspillage de son eau. Mais le ton du livre est peut être un peu trop moralisateur à ce sujet et offre une vision trop politique sur le réchauffement climatique. On sent clairement que l’auteur essaie de faire prendre conscience à son lectorat de ce problème écologique, quitte à bien trop insister sur le sujet par moment.
L’ambiance par contre est merveilleuse : relaxante, mélancolique, tranquille. La prose est très poétique et lyrique, tel un véritable cours d’eau qui s’écoule. Les descriptions d’Emmi Itäranta sont magnifiques, marquantes et indélébiles. Mais j’ai constamment attendu LE moment où l’histoire s’emballe, ce qui ne s’est jamais produit, et c’est ce côté là qui m’a un peu déçue.
On voit Noria vaquer à ses affaires tout en observant impuissante ses concitoyens accusés et condamnés pour des crimes d’eau. Noria veut aider son village, mais elle ne sait pas comment. Car leur révéler ce qu’elle sait, son secret, pourrait être utilisé comme une arme contre elle. Alors certes Noria lutte, mais elle reste surtout assez contemplative. Du coup j’ai été constamment dans l’attente d’un quelque chose, d’une action qui met trop de temps à venir quand elle vient.
J’ai pourtant été enchantée par son amitié avec Sanja, son amie d’enfance, qui est une des plus belles que j’ai pu lire dans un livre. Elles partent toutes deux en quête de vérité sur les catastrophes qui ont conduit leur monde à être ce qu’il est aujourd’hui – un monde dont au final on ne saura pas grand chose. On sent bien qu’elles découvrent quelque chose, ce que le final nous laisse penser. Un quelque chose de bien plus grand encore que cette histoire d’eau. Mais le lecteur, lui, n’en saura pas grand chose.
C’est un beau mais triste roman, avec une bonne dose d’espoir. Le côté philosophique et moralisateur du livre est parfois dérangeant. Mais cette lecture reste tout de même une expérience très agréable, et malgré le manque d’action, je ne me suis pas ennuyée. La plume d’Emmi Itäranta est sublimement magnifique, une véritable merveille, pure poésie, et juste pour cela ce livre vaut la peine d’être lu. Il m’aura juste manqué un peu plus de rythme pour pleinement l’apprécier.
(Article rédigé pour Place to be que je remercie de ce partenariat !)
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