Depuis toujours, la vie sourit à Paul : grand, beau, intelligent, il réussit tout ce qu’il entreprend, y compris sa relation avec Estelle. Petit dernier d’une famille de quatre enfants bourgeoise et conservatrice, son avenir est tout tracé… Alors son monde s’effondre le jour où il réalise qu’il aime un garçon. Dévasté, il est dirigé vers une thérapie de conversion, » soutenu » par ses proches qui veulent le voir reprendre le droit chemin.
Thalia est une passionnée qui enchaîne les relations, éprise de liberté, jusqu’à sa rencontre avec Loïs. Elle vibre d’amour et de désir pour cette fille, au point de révéler ses sentiments au grand jour… et de se retrouver à la rue, humiliée, rejetée par ses parents.
À 18 ans, Paul et Thalia sont à un tournant de leur vie. Mais où chercher la vérité qui leur permettra, enfin, de s’épanouir ?
J’étais très curieuse en découvrant le résumé de ce livre. Les thérapies de conversion sont très peu abordées en littérature, et encore moins en littérature jeunesse, et je trouvais ça très intéressant d’avoir un livre young adult axé sur le sujet.
Dans Vers le vrai, nous suivons l’histoire de deux jeunes adolescents. Paul incarnait le fils parfait aux yeux de ses parents. Mais, élevé dans la foi catholique, sa vie va basculer lorsqu’il se rend compte qu’il éprouve des sentiments pour un garçon. Chose qu’il va avouer à ses parents, qui vont l’obliger à suivre une thérapie de conversion. Thalia, quant à elle, a toujours été en phase avec son amour pour les filles, et pensait ne jamais avoir à le cacher. Mais, lorsque ses parents le découvrent, ils la mettent immédiatement à la porte, et la jeune fille va devoir affronter la cruauté du regard de la société sur son orientation sexuelle…
Ce roman aborde énormément de thématiques importantes en lien avec l’homosexualité : thérapie de conversion, acceptation de soi, rapport avec la religion, problèmes familiaux, et toutes les violences que les homosexuels peuvent rencontrer quant à leur orientation… Découvrir son homosexualité n’est pas un parcours sans repos, et le cadre familial, les valeurs inculquées pèsent énormément sur le bien être mental des jeunes qui, parfois, pour rentrer dans le moule de la « normalité », se refusent d’être qui ils sont vraiment.
L’histoire est autant bouleversante que révoltante, car l’autrice ne cache pas les multiples violences auxquelles doivent faire face les homosexuels, que ce soit par leur propre famille ou encore par des inconnus qui se sentent légitimes pour les juger et/ou les violenter. Qui se permettent de leur dire si, oui ou non, ils ont le droit d’aimer qui ils veulent. L’intolérance est au cœur même de l’histoire, et il est impossible de ne pas se sentir indigné par ce que vont traverser Paul et Thalia.
Pour autant, quelque chose m’a dérangée. J’ai très bien ressenti que l’autrice s’était renseignée sur le sujet et, de ce côté-là, je trouve ça vraiment intéressant et, surtout, très important, de mettre cela en avant dans ce roman. Mais cela a rendu le style d’écriture très chirurgical, je n’ai pas ressenti autant d’émotions que je l’aurais aimé, et ça m’a déstabilisée. J’avais l’impression que l’autrice restait trop focalisée sur les faits qu’elle voulait raconter, les recherches qu’elle avait faites et qu’elle voulait porter aux yeux de tous, mais qu’elle en a oublié de développer les émotions des personnages à la hauteur de ce qu’ils traversaient. Et ce décalage m’a déstabilisée à plusieurs reprises.
Dans tous les cas, malgré tout, Vers le vrai est un roman important qui met en lumière des évènements forts et bouleversants qui méritent de faire parler d’eux. Ces thématiques ne sont que trop peu présentes en littérature young adult, et il est important de pouvoir trouver des romans qui les abordent. Paul et Thalia restent touchants, et c’est difficile de se dire que les choses horribles qu’ils vont devoir traverser sont réelles pour une partie de la population. Et qu’il ne faut jamais l’oublier : si vous laissez vos enfants être ce qu’ils sont, vous n’obtiendrez rien d’autre que le meilleur d’eux…
