Au-delà des rivages d’Ithaque, les caprices des dieux dictent les guerres des hommes. Mais sur l’île, ce sont les choix des femmes abandonnées – et de leurs déesses – qui changeront le cours du monde.
Le roi Ulysse est parti depuis de nombreuses années en guerre contre Troie, emmenant tous les hommes en âge de combattre de l’île d’Ithaque. Pénélope, sa femme, l’attend avec patience et dirige le royaume. Mais lorsque des rumeurs circulent sur la mort de son mari, les prétendants commencent à frapper à sa porte. Or, aucun homme n’est assez puissant pour revendiquer le trône vide d’Ulysse. Si Pénélope choisit l’un d’entre eux, Ithaque plongera dans une guerre civile sanglante. Seule la ruse et son réseau d’espionnes lui permettront de maintenir l’équilibre délicat du pouvoir nécessaire à la survie du royaume. À Ithaque, tout le monde surveille tout le monde et il n’y a pas un coin du palais où l’intrigue ne règne pas en maître.
Le plus grand pouvoir des femmes est celui dont elles s’emparent en secret.
De la mythologie grecque ? Non, mieux encore : un roman mettant en avant les femmes si peu mentionnées dans les grands mythes grecs ? Autant vous dire que je savais déjà que j’allais tomber follement amoureuse de ce livre avant même de le commencer…
Avec sa série Le chant des déesses, l’autrice, Claire North, nous propose de découvrir l’histoire d’une de ces femmes oubliées : Pénélope, la femme d’Ulysse, qui a attendu le retour de son mari durant près de vingt ans, alors que ce dernier est parti pour la guerre de Troie. Une guerre qui va durer dix ans, et il faudra encore dix années de plus à Ulysse pour retrouver le chemin d’Ithaque. Des années durant lesquelles Pénélope va user de nombreux stratagèmes pour ne pas avoir à reprendre un époux alors que la plupart de ses conseillers lui annoncent qu’Ulysse est surement mort, et qu’elle doit se remarier pour protéger le royaume.
Pénélope, la femme serviable et dévouée, qui va attendre sagement son mari, alors que ce dernier ne va pas hésiter à vivre plus d’un amour durant son périple. Aaaaaah, les douces joies des mythes antiques…
L’Histoire ne retiendra que le nom d’Ulysse et de son Odyssée, lui qui obtiendra toute la gloire, poursuivant ses aventures, trompant sa femme, et cherchant sa propre renommée. Mais, dans ce livre, Claire North remet la lumière sur les femmes d’Ithaque et sur Pénélope, qui, durant près de vingt ans, aura tout fait pour protéger le trône de son mari tout en maintenant la politique de son pays, subvenant aux besoins de son peuple malgré les luttes, les attaques et bien d’autres choses, et à qui, finalement, Ulysse doit tout.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman une fois les premiers chapitres passés, plantant le décor mais étant assez complexes à prendre en mains. Car l’histoire de Pénélope est racontée par la déesse Héra sans que, pour autant, le fabuleux n’intervienne. L’autrice s’en tient aux faits et nous dévoile une histoire crédible sur la façon dont Pénélope a dû diriger son île sans argent, sans hommes en âge de travailler (les autres ayant tous suivis Ulysse parti pour Troie), sans véritables alliés, tout en se protégeant de la myriade de prétendants qui voudraient l’épouser pour mettre la main sur ce royaume, sa couronne et ses prétendues richesses, mais aussi des pillards qui attaquent ses terres.
J’ai aimé découvrir l’histoire de ces femmes à travers les yeux d’Héra, elles qui sont restées chez elle pendant que leurs maris sont partis à la guerre et qui ont dû prendre les choses en main. Héra, déesse du mariage et protectrice des femmes, parle de ces dernières avec amour, comme une mère parlerait de ses enfants. On voit leurs actions à travers son doux regard et on ressent parfaitement la fierté d’Héra dans leur force et leur chagrin, dans leurs échecs ou leur malheur.
Il y aurait encore de nombreuses choses à dire et à analyser sur cette histoire. La principale étant que l’autrice nous livre ici une très belle interprétation de l’Odyssée d’Homère à travers les yeux d’Héra et de Pénélope. C’est aussi lumineux que sanglant, avec des luttes de pouvoir brutales tout en étant délicieusement subversif. J’ai déjà hâte de voir ce que Pénélope fera par la suite !

J’ai aimé le portrait que fait lautrice des femmes à Ithaque mais j’ai malheureusement trouvé le style très froid et la vulgarité ne m’a pas du tout convenu. J’ai trouvé aussi que ça tournait pas mal en rond…
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J’ai vu que c’est un reproche qui revient souvent pour ce livre. Personnellement ça ne m’a pas dérangée, même si j’ai mis du temps à prendre l’histoire en main à cause, justement, de cette narration parfois en décalage avec ce que traverse les personnages. Je pense que c’est le regard d’Héra qui vaut ça, la déesse est fière de ce qu’accomplissent les femmes mais elle garde son regard de déesse, et n’a pas forcément énormément d’empathie.
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